Hôtel du Belvédère du Rayon-Vert – salle de cinéma
11H00 // une proposition des Rencontres cinématographiques
L’ÎLE ADOLF / L’ILLA ADOLF
de Patrick Viret et Ludmila Melnikova
France | Les Films du Viaduc | 2011 | 52′
Contact : [email protected]
C’est l’histoire d’une déportation qui ne menait pas vers l’Est, mais vers l’Ouest, sur l’île anglo-normande d’Aurigny (Alderney). C’est l’histoire d’une déportation pour construire la plus inutile des citadelles, mais qui réussit parfaitement à changer le paradis en enfer.
És la història d’una deportació que no conduïa cap a l’Est, sinó cap a l’Oest, a l’illa anglo-normanda d’Alderney. És la història d’una deportació per construir la més inútil de les ciutadelles, però que aconsegueix perfectament canviar el paradís en infern.
Née en 1962 à Yaroslavl (Russie), Ludmila Melnikova a créé en 2009 « Les Films du viaduc », une société indépendante de production et de diffusion cinématographique, qui s’attache avant tout à aider la naissance de films atypiques et rares. Traductrice et interprète, elle accompagne les Rencontres Cinématographiques Internationales de Cerbère/Portbou depuis ses débuts.
Homme de radio, cinéaste, Patrick Viret a écrit et réalisé plus de 30 films de formats différents. Dans cette oeuvre éclectique, le thème de l’Île est récurrent : Bleu, blanc, noir, Le Sens de la marche, L’île Adolf, La Forme des îles. Producteur entre autres de Pierre Creton (Secteur 545), Julien Devaux (De larges détails, sur les traces de Francis Alÿs) ou encore Marcel Hanoun (Le Ravissement de Natacha).
En 2005, il est à l’initiative des Rencontres cinématographiques de Cerbère-Portbou.
Hôtel du Belvédère du Rayon-Vert – salle de cinéma
15H00 // une proposition de l’Alternativa et des Rencontres cinématographiques
LA MAISON EMAK BAKIA / LA CASA EMAK BAKIA
d’Oskar Alegria
Espagne | Oskar Alegria | 2012 | 84′
Contact : [email protected]
Un film d’avant-garde de Man Ray ayant pour titre EMAK BAKIA, ce qui signifie en basque « fous-moi la paix », constitue le point de départ d’une quête. La maison du film tourné en 1926 près de Biarritz, porte le même nom et pour la retrouver le cinéaste ne possède que trois images : celle de la porte principale, deux colonnes d’une fenêtre et une partie de la côte à proximité.
Una pel·lícula d’avantguarda de Man Ray anomenada Emak Bakia, en basc “Deixa’m en pau”, és el punt de partida de la història d’una recerca. La casa on es va rodar, el 1926, prop de Biarritz, va tenir aquest peculiar nom, i l’autor decideix emprendre un camí per localitzar-la. D’aquella mansió només se’n coneixen tres plans: la imatge de la porta principal, dues columnes d’una finestra i un tros de costa propera.
Oskar Alegria (Pamplune, 1973) est un cinéaste et un programmateur. Son premier film, La casa Emak Bakia (2012), a été projeté à l’Alternativa et a remporté 17 prix dans des festivals internationaux. En 2015, il a invité des cinéastes du monde entier à faire chacun un court métrage explorant les mystères de l’obscurité réunis ensuite sous le nom The Darkness Collection qui fut aussi présentée à l’Alternativa. Il fut le directeur artistique du Festival Punto de Vista entre 2013 et 2016.
Hôtel du Belvédère du Rayon-Vert – salle de cinéma
17H00 // une proposition de Jean-Pierre Rehm et des Rencontres
BAS CHŒUR / COR BAIX
d’Sarah Klingemann
France | Les hommes-maison | 2020 | 50′
Contact : [email protected]
On n’y raconte pas de fables, on y travaille en toute modestie, on y écoute les lieder de Robert Schumann, chez soi et en voiture, on y mange, on s’y lave, on s’y réjouit, on y sanglote, etc. Voilà pourtant un film à l’entrelacs manifeste, écho à sa manière, peut-être, du fameux escalier à double révolution de Chambord, splendide château dont Demy avait fait le décor de son Peau d’Âne et où sont tournées ici de nombreuses scènes. Que faut-il croire alors ? Que, d’abord, il n’y a pas de « on », et que femmes et hommes se partagent, sans symétrie aucune, le chant autant que l’écoute, la chasse autant que la déroute. C’est précisément l’équilibre précaire qui se trouve glorifié ici, gloire fragile. Douze hommes, douze chanteurs, se préparent à un concert, où leur maîtrise du chant va consister à se transformer en pleureuses discrètes, vêtues de chemise blanche rehaussée d’épaulettes de toréador sans arène, de soldats privés de bataille…
(J-P.R.)
Allà no hi cantem cap faules, hi treballem amb tota modèstia, hi escoltem els lieder de Robert Schumann, a casa i al cotxe, hi mengem, ens hi rentem, ens hi alegrem, hi sanglotegem, etc. Amb tot, vet aquí una pel∙lícula amb entrellaçat evident, ressò a la seva manera, potser, de la famosa escala de doble revolució de Chambord, esplèndid castell del qual Demy n’havia fet la decoració del seu “Peau d’Âne” (Pell dAse) i on es filmen moltes escenes aquí. Llavors què cal creure? Que d’antuvi, no hi ha cap “hom”, i que dones i homes es comparteixen, sense cap simetria, el cant tant com l’escolta, la caça com la derrota. És precisament l’equilibri precari que aquí es glorifica, una glòria fràgil. Dotze homes, dotze cantants, es preparen per a un concert, on el seu domini del cant consistirà en transformar-se en ploradores discretes, vestides amb camisa blanca realçada amb xarreteres de torero sense plaça de toros, de soldats privats de batalla…
Architecte de formation, la cinéaste Sarah Klingemann réalise des films expérimentaux depuis 2009 (Après l’oeuvre, La Mer du sable, Le Grand Tour…), tous inscrits dans un projet unique et continu nommé Les hommes-maisons. Elle réalise en 2019 le documentaire Grande fugue et finalise en 2020 Bas choeur, fiction tournée dans le Domaine National de Chambord, dont la musique est le sujet.
Chaque année début juillet, le FIDMarseille présente un grand nombre de films en première mondiale, ainsi que de premiers films, et s’impose aujourd’hui comme un gisement de nouvelles cinématographies, productions documentaires aussi bien que fictions.
Hôtel du Belvédère du Rayon-Vert – salle de cinéma
17H00 // (suite) Deux propositions des Rencontres cinématographiques
CERBÈRE / CERBER
d’Agnès Bert
France | Les Productions de La Lanterne – France 3 | 1985 | 22′
Rencontre d’un lieu avec son nom qui revient de l’enfer.
Trobada d’un lloc amb el seu nom que torna de l’infern.
Agnès Bert, disparue en 2017, a réalisé entre autres films Tu seras un homme, ma fille (2004)
+
Espagne | 2009 | 11′
Contact : [email protected]>
La table est dressée.
La taula està parada.
Les œuvres de Greta Alfaro, photographe et cinéaste née à Pampelune, sont exposées dans de nombreuses galeries internationales comme la Saatchi galerie à Londres.
]]>« Le cinéma est une maison pour les images qui n’ont plus de maison » : fameuse remarque du critique Serge Daney alors qu’il évoque l’ultime film de Nicholas Ray, We Can’t Go Home Again – et sans doute l’une des définitions les plus opérantes du cinéma en tant qu’art et lieu. Tout au plus pourrait-on surenchérir en suggérant que le cinéma est un hôtel pour les images sans logis : non un foyer définitif, un ancrage irrévocable, mais un lieu de transit et de trafic, où les images ne feraient que passer, sans définitivement s’installer. Simple allégorie ? Non, on peut vous en donner l’adresse : Hôtel Belvédère du Rayon-Vert, avenue de la Côte vermeille, 66290 Cerbère.
— Hervé Aubron, Le nouveau magazine littéraire
“ El cinema és una casa per a les imatges que no tenen més casa”: famosa remarca del crític Serge Damey mentre que evoca l’última pel∙lícula de Nicholas Ray, We Can’t Go Home again, i sens dubte una de les definicions les més determinades del cinema com a art i lloc. Com a molt, podríem desbordar-nos al suggerir que el cinema és un hotel per a imatges sense allotjament: no pas una llar permanent, un ancoratge irrevocable, sinó un lloc de trànsit i tràfic, on les imatges només passarien, sense instal∙lar-se définitivament. Al∙legoria simple? No, podem donar-vos-en l’adreça: Hotel del Mirador del Raig verd, avinguda de la Costa Vermella, 66290 Cervera de la Marenda.
… Quelques éditions plus tard, les cinéastes, les photographes et les spectateurs viennent toujours plus nombreux, de tous les horizons, de tous les continents, et même quelques extra-terrestres…
Fidèle au miracle originel qui a rendu les Rencontres possibles il semble qu’aucune édition ne puisse s’envisager sans être elle-même un peu miraculeuse, comme si toute certitude était incompatible avec l’esprit qui les anime.
— Patrick Viret, extrait de la préface du livre « Les rendez-vous photographiques au Belvédère du Rayon- Vert »
… Algunes edicions més tard, els cineastes, fotògrafs, i espectadors vénen sempre més nombrosos de tots els horitzons, de tots els continents, i fins i tot uns quants extraterrestres…
Fidel al miracle originel que va fer possibles les Trobades, semble que no es pot preveure cap édició sense que sigui una mica miraculosa, com si alguna certesa fos incompatible amb l’esperit que les anima.
Les séances sont précédées de « Paysages sonores » composés par KOzn à partir de l’œuvre radiophonique de Walter Benjamin.
]]>« Le cinéma est une maison pour les images qui n’ont plus de maison » : fameuse remarque du critique Serge Daney alors qu’il évoque l’ultime film de Nicholas Ray, We Can’t Go Home Again – et sans doute l’une des définitions les plus opérantes du cinéma en tant qu’art et lieu. Tout au plus pourrait-on surenchérir en suggérant que le cinéma est un hôtel pour les images sans logis : non un foyer définitif, un ancrage irrévocable, mais un lieu de transit et de trafic, où les images ne feraient que passer, sans définitivement s’installer. Simple allégorie ? Non, on peut vous en donner l’adresse : Hôtel Belvédère du Rayon-Vert, avenue de la Côte vermeille, 66290 Cerbère.
— Hervé Aubron, Le nouveau magazine littéraire
“ El cinema és una casa per a les imatges que no tenen més casa”: famosa remarca del crític Serge Damey mentre que evoca l’última pel∙lícula de Nicholas Ray, We Can’t Go Home again, i sens dubte una de les definicions les més determinades del cinema com a art i lloc. Com a molt, podríem desbordar-nos al suggerir que el cinema és un hotel per a imatges sense allotjament: no pas una llar permanent, un ancoratge irrevocable, sinó un lloc de trànsit i tràfic, on les imatges només passarien, sense instal∙lar-se définitivament. Al∙legoria simple? No, podem donar-vos-en l’adreça: Hotel del Mirador del Raig verd, avinguda de la Costa Vermella, 66290 Cervera de la Marenda.
… Quelques éditions plus tard, les cinéastes, les photographes et les spectateurs viennent toujours plus nombreux, de tous les horizons, de tous les continents, et même quelques extra-terrestres…
Fidèle au miracle originel qui a rendu les Rencontres possibles il semble qu’aucune édition ne puisse s’envisager sans être elle-même un peu miraculeuse, comme si toute certitude était incompatible avec l’esprit qui les anime.
— Patrick Viret, extrait de la préface du livre « Les rendez-vous photographiques au Belvédère du Rayon- Vert »
… Algunes edicions més tard, els cineastes, fotògrafs, i espectadors vénen sempre més nombrosos de tots els horitzons, de tots els continents, i fins i tot uns quants extraterrestres…
Fidel al miracle originel que va fer possibles les Trobades, semble que no es pot preveure cap édició sense que sigui una mica miraculosa, com si alguna certesa fos incompatible amb l’esperit que les anima.
Les séances sont précédées de « Paysages sonores » composés par KOzn à partir de l’œuvre radiophonique de Walter Benjamin.
]]>Hôtel du Belvédère du Rayon-Vert – salle de cinéma
17h // Carte blanche à CINÉMAGINAIRE et CINÉLATINO
Film présenté lors de la dernière édition de Cinélatino et proposé par Jean-Pierre Bellay
Piripkura
de Mariana Oliva, Renata Terra et Bruno Jorge
Brésil |Zeza Filmes | 2017 | 82’
Deux hommes du peuple Piripkura, groupe indigène décimé, vivent toujours en forêt amazonienne. La zone est entourée de fermes et de scieries dont l’expansion est très violente. Pour maintenir le statut protégé de la région, et tenter de laisser à ces deux personnes leur milieu de vie, et au monde entier un fragment de sa forêt nourricière, il faut que la FUNAI, organisme de protection des Indigènes, prouve que ces deux Indiens vivent encore.
Dos homes del poble Piripkura, grup indígena delmat, viuen encara en la selva amazònica. La zona és envoltada de masies i serradores l’expansió de les quals és molt violenta. Per mantenir l’estatut protegit de la regió, procurar de conservar l’ambient de vida d’aquestes dues persones i al món sencer un fragment del seu bosc nutritiu, cal que la FUNAI, organisme de protecció dels indígenes, demostri que aquests dos indis són encara vius.
Née au Brésil, Mariana Oliva est diplômée en journalisme et titulaire d’un master en réalisation documentaire de l’Université d’Edimbourg. Elle est productrice et partenaire de Zeza Filmes. Renata Terra vit et travaille à São Paulo en tant que réalisatrice, scénariste et monteuse de films documentaires. Né au Brésil, Bruno Jorge réalise plus d’une quinzaine de films proches du cinéma expérimental avant de se lancer dans la production de longs métrages indépendants.
18h45 // Carte blanche à MARINA RAZBEJKINA
réalisatrice et productrice indépendante
Film pour Carlos
de Renato Borrayo Serrano
Russie | Marina Razbejkina Studio | 2017 | 31′
« Carlos vient de naître. C’est un garçon le plus doux pour sa mamie, bien qu’elle soit désolée de son teint basané. Papy veut boire à la santé de Carlos pour fêter l’événement, mais il n’en a pas l’autorisation. C’est le premier réveillon de Carlos – et j’ai fait un film pour que mon fils s’en souvienne. » Avec ce deuxième film, Renato Borrayo Serrano offre une tragicomédie russo-guatémaltèque.
“Carlos acaba de néixer. És el noi el més amorós per la seva àvia, tot i que sigui afligida de la seva pell morena. L’avi vol brindar a la salut d’en Carlos per festejar l’esdeveniment, però no en té l’autorització. És el primer ressopó d’en Carlos – i he fet una pel∙lícula perquè el meu fill se’n recordi.” Amb aquesta segona pel∙lícula, Renato Borrayo ofereix una tragicomèdia russo-guatemalenca.
Renato Borrayo Serrano (Guatemala, 1991) vit et travaille en Russie depuis 2012. En 2017, il obtient un diplôme de documentariste au VGIK et suit parallèlement une formation à l’École de cinéma et de théâtre documentaire de Marina Razbejkina et Mikhaïl Ugarov. Film pour Carlos est son deuxième film et a reçu une mention du jury au Doc de Leipzig.
21h30 // Carte Blanche à ÉRIC PAUWELS (1/2)
Lever de drapeau papou filmé par un otage / Aixecament de bandera papua filmada per un ostatge
de Philippe Simon et Johan Van den Eyden
Belgique | Underworld films | 2OO1 | 51’
« 6 juin 2001, après 26 jours de marche dans les Hautes Terres de la Papoua, province de l’Indonésie, alors que nous tournons un documentaire sur notre voyage, des guerriers de l’OPM (organisation pour la libération de la Papoua) nous prennent en otage. [...] Le 6 août 2001, après 61 jours de captivité, ils nous demandent de filmer la cérémonie d’un lever de drapeau. »
« El 6 de juny del 2001, després de 26 dies de marxa a les altes terres de la Papua, província de la Indonèsia, mentre filmaven un documental sobre el nostre viatge, uns guerrers de l’OPM (organització per a l’alliberament de la Papua) ens prenen com a ostatge. [...] El 6 d’agost del 2001, deprés de 61 dies de captivitat, ens demanen de filmar la ceremònia d’un aixecament de bandera. »
Producteur, réalisateur et grand marcheur, Philippe Simon entreprend de tourner un film sur les Papous dont la civilisation pré-industrielle le fascine. En mai 2001, il part à leur rencontre dans les hautes terres sauvages de l’Irian Jaya, accompagné de son ami Johan Van den Eyden.
23h // Carte blanche aux FILMS DU VIADUC – Avant-première
Film proposé par Ludmila Melnikova, productrice et distributrice indépendante
Théâtre du radeau, triptyque
de Patrick Viret
France | Les Films du Viaduc | 2018 | 60′
Un film commencé il y a 3o ans et ter miné avant-hier.
Una pel∙lícula començada fa 30 anys i acabada abans d’ahir.
Homme de radio, cinéaste, Patrick Viret a écrit et réalisé plus de 30 films de formats différents. Dans cette oeuvre éclectique, le thème de l’Île est récurrent : Bleu, blanc, noir, Le Sens de la marche, L’île Adolf, La Forme des îles. Producteur entre autres de Pierre Creton (Secteur 545), Julien Devaux (De larges détails, sur les traces de Francis Alÿs) ou encore Marcel Hanoun (Le Ravissement de Natacha). En 2005, il est à l’initiative des Rencontres cinématographiques de Cerbère-Portbou.
Dès l’arrivée à la gare de Cerbère, le décor est planté. Les effluves de pin, de figues et d’iode vous sautent aux narines. De somptueux bâtiments des années 1930 délimitent la baie, comme figés dans le temps. Une fois arrivés au Belvédère du Rayon Vert, l’hôtel où se déroule le festival, on se prend à songer qu’on est devenu l’un de ces zombies qui hantent le film Carnival of Souls, avant de se figurer l’errance solitaire d’un Walter Benjamin en exil, qui se suicida à quelques kilomètres de là. Le mystère est soigneusement entretenu pour ne pas dissiper le modus operandi : nous sommes là entre initiés, formant une confrérie improbable le temps de ces quelques jours riches en poésie, tant dans les films qu’à travers le contexte singulier. Ici, pas de roucoulades mondaines, mais plutôt du serrage de coudes, des repas bien arrosés et une convivialité militante.
— Julien Bécourt, Mouvement, 8 novembre 2017
Tan bon punt arribat a l’estació de Cervera, el decor és plantat. Els efluvis de pi, de figues i d’iode us salten a les narius. Sumptuosos bastiments dels anys 1930 delimiten la badia, com clavats en el temps. Una vegada arribats al Mirador del Raig Verd, l’hotel on es desenrotlla el festival, hom somnieja d’haver esdevingut un d’aquells zombis que obsessionen la pel∙lícula Carnival of Souls, abans d’afigurar-se el vagareig solitari d’un Walter Benjamin en exili, que se suïcidà a uns quilòmetres d’aquí. El misteri és acuradament entretingut per no dissipar el modus operandi: som aquí entre iniciats, formant una confraria improbable, el temps d’aquests alguns dies rics en poesia, tant en les pel∙lícules com a través el context singular. Aquí, cap parrupeig mundanal, però més aviat apinyada, àpats ben regats i convivència militant.
Mes premiers pas en ce lieu correspondaient à ce qu’aurait pu être le générique d’un début de film. Tout ici me paraissait possible, comme si le lieu, avec son architecture, ses points de vue, sa salle de cinéma, son immense rez-de-chaussée (un ancien garage), sa salle panoramique, ses chambres, la proximité des trains, sa dimension de paquebot à la fois échoué et pourtant toujours debout, pouvait se prêter à toutes les fictions sans que jamais on ne risque d’en tarir la source inspirante et que même, il suffisait de le filmer tel quel pour être au bord du cinéma, comme lui-même peut l’être à la fois de la mer et des rails dans une double proximité qui semble unique, sans oublier celle de la frontière que l’on découvre de sa proue.
— Patrick VIRET, directeur artistique des Rencontres
Les meves primeres passes en aquest lloc corresponien a allò que hagués pogut ser el génèric de l’inici d’una pel∙lícula. Aquí tot em semblava possible, com si el lloc – amb la seva arquitectura, els seus punts de vista, la seva sala de cinema, el seu immens soler (un antic garatge), la seva sala panoràmica, les seves cambres, la proximitat dels trens, la seva mida de paquebot alhora encallat i malgrat tot dempeus – pogués prestar-se a totes les ficcions sense que mai s’arrisca d’esgotar-ne la deu inspiradora i que fins i tot, bastava filmar-lo tal qual per ser a la vora del cinema, com ell mateix pot ser-lo a la vegada del mar i dels carrils en una dobla proximitat que sembla única, sens oblidar la de la frontera que hom descobreix de la seva proa estant.
Hôtel du Belvédère du Rayon-Vert – salle de cinéma
17h // Avant -première
en partenariat avec Languedoc-Roussillon Cinéma
Les Éternels / Els eterns
de Pierre-Yves Vandeweerd
Belgique / France | Cobra Films – Zeugma Films | 16mm | 2017 | 75’
On appelle éternels ceux qui souffrent de la mélancolie d’éternité. Convaincus que la mort ne peut avoir raison de leurs vies, ils se croient condamnés à errer dans l’attente du jour où ils seront libérés de leur existence. Ce film est un récit d’errances et de fuites, aux confins du Haut-Karabagh, une enclave arménienne en Azerbaïdjan. Habités par les fantômes du génocide et par la guerre qui y sévit depuis plus de vingt ans, les personnages qui traversent ce film portent en eux la mélancolie des éternels.
Es diuen eterns els que pateixen de la malenconia d’eternitat. Es diuen eterns els que pateixen de la malenconia d’eternitat. Convençuts que la mort no pot triumfar de llurs vides, es creuen condemnats a vagarejar amb l’espera del dia on seran alliberats de llur existència. Aquesta pel∙lícula és una narrativa de vagarejos i de fugides, als confins de l’Alt-Karabagh, un enclavament armeni de l’Azerbaijan. Obsessionats pels fantasmes del genocidi i per la guerra que hi fa estralls d’ençà de més de vint anys, els personatges que travessen aquesta pel∙lícula es carreguen la malenconia dels eterns.
Pierre-Yves Vandeweerd est un cinéaste belge. Ses films s’inscrivent dans le cinéma du réel et ont été réalisés dans plusieurs régions du monde. Tournés pour la plupart en pellicule 16 et super 8mm, ses films réunissent, par un geste cinématographique poétique, des guerres et des destins oubliés, les limites de la raison, la condition humaine. Ils résonnent comme autant d’incursions aux confins du réel.
18h30 // Carte blanche à Cinémaginaire
Deux films de Jérémie Reichenbach proposés par Jean-Pierre Bellay
Quand passe le train / Quan passa el tren
de Jérémie Reichenbach
France / Mexique | Quilombo Films | 2013 | 30’
Tout le film se construit autour du passage des trains de marchandises sur le toit desquels sont juchés les migrants qui cherchent à gagner les États-Unis. Un des uniques moments de réconfort se situe là, à Patrona, dans un mouvement de vie des femmes qui jettent dans les bras des migrants des paquets de nourriture. C’est dans cette relation presque intime, entre les femmes et la machine, que le réalisateur semble puiser l’énergie de son oeuvre.
Fanny Barrot, CICLIC
Tota la pel∙lícula es construeix al voltant del pas dels trens de mercaderies sobre el sostre dels quals estan ajocats els immigrants que tracten d’arribar als Estats Units. Un dels únics moments de reconfort en aquest esgotant viatge se situa allà, a Patrona, en un moviment de vida de les dones que tiren cap als emigrants farcells de queviures. És en aquesta relació gairebé íntima, entre les dones i la màquina que el realitzador sembla poar l’energia de la seva obra.
+
Les Corps Interdits / Els cossos prohibits
de Jérémie Reichenbach
France / Mexique | Quilombo Films | 2016 | 12’
Plusieurs réfugiés, arrivés à Calais au péril de leur vie, dénoncent la violence de leur condition. Leurs voix se superposent à des images de la jungle et de l’architecture carcérale du camp construit par l’État.
Diversos refugiats, arribats a Calais amb perill de llur vida, denuncien la violència de llur condició. Llurs veus se superposen a unes imatges de la jungla i de l’arquitectura carcellera del campament construït per l’Estat.
Après des études universitaires à Paris 8, Jérémie Reichenbach réalise des films documentaires dont plusieurs sont tournés dans la région du Sahel. En 2010, il monte avec Adonis Liranza une structure de production, Quilombo Films, qui lui permet de développer des projets de films singuliers au parti pris esthétique fort : La Mort de la gazelle, Jours de poussière, Quand passe le train ou encore Sangre de mi sangre.
21h30 // Carte blanche à Marina RAZBEJKINA, réalisatrice et productrice indépendante
Dans l’oeil du cyclone / Dins l’ull del cicló
de Liza Kozlova
Russie | Marina Razbejkina Studio | 2016 | 44’
« En cas de catastrophe naturelle, éteins l’électricité et le gaz, cache tes objets de valeur, ferme la maison à clé, monte sur le toit, et peut-être tu survivras. » Natasha, 12 ans, connaît les instructions à la lettre. (…) L’orage approche, le vent se lève ; une cinéaste parvient à mettre en oeuvre le langage visuel permettant de saisir au vol un passage tendre et tumultueux, celui qui fera une jeune femme de la petite fille.
Émilie Bujès, Visions du Réel
“En cas de catàstrofe natural, apaga l’electricitat i el gas, amaga els teus objectes de valor, tanca la teva casa amb clau, puja damunt el teulat, i potser sobreviuràs.” La Natasha, de 12 anys d’edat, sap les instruccions al peu de la lletra. (…) El temporal s’apropa, el vent s’aixeca; una cineasta aconsegueix a realitzar el llenguatge visual permetent d’agafar a cop d’ull una evolució tendra i tumultuosa, la que farà de la noieta una dona jove.
Liza Kozlova est née en 1989 à Moscou. Après un diplôme de géographe obtenu à l’Université de Moscou, elle fréquente l’École de cinéma et de théâtre documentaire de Marina Razbejkina et Mikhaïl Ougarov. Dans l’oeil du cyclone est son premier film et a été présenté à Visions du réel (Nyon, 2016).
23h // Carte blanche aux FILMS DU VIADUC
Film proposé par Ludmila Melnikova, productrice et distributrice indépendante
Watt Mer
de Patrick Viret
France | Les Films du Viaduc | 2017 | 43’
Poète surréaliste et banalyste « actif », Alain-Pierre Pillet inventa Watt Mer à la fin des années 1990. Ce film en offre le portrait. De Watt Mer ? D’Alain-Pierre Pillet ? De ses amis qui en partagent la lecture ? Malgré de nombreuses supplications, dans le déroulement du film n’a été ménagée aucune pause, aménagée aucune aire de repos, prévue aucune bande d’arrêt d’urgence. Un film qui condamne le spectateur à le revoir… ou à passer outre.
Poeta superrealista i analista “actiu” de la banalitat, Alain-Pierre Pillet inventà Watt Mer al final dels anys 1990. Aquesta pel∙lícula n’ofereix el retrat. De Watt Mer? De l’Alain-Pierre Pillet? Dels seus amics que en comparteixen la lectura? Malgrat nombroses suplicacions, no ha estat estalviat cap pausa, habilitat cap àrea de descans, previst cap vorera d’emergència en el desenrotllament de la pel∙lícula. Una pel∙lícula que condemna l’espectador a reveure-la… o a deixar de fer cas.
Homme de radio, cinéaste, Patrick Viret a écrit et réalisé plus de 30 films de formats différents. Dans cette oeuvre éclectique, le thème de l’Île est récurrent : Bleu, blanc, noir, Le Sens de la marche, L’île Adolf, La Forme des îles. Producteur entre autres de Pierre Creton (Secteur 545), Julien Devaux (De larges détails, sur les traces de Francis Alÿs) ou encore Marcel Hanoun (Le Ravissement de Natacha). En 2005, il est à l’initiative des Rencontres cinématographiques de Cerbère-Portbou.